lundi 16 octobre 2017

2) LE TEMPS DE S'ACCLIMATER (1)

Après avoir pris deux pleines journées de «farniente-à-la-faillard», c’est-à-dire : organiser à distance notre absence - ce qui est un peu la quadrature du cercle, car décalage horaire aidant, nous confondons la nuit et le jour - ce qui pour Monique est une promenade de santé, l'est beaucoup moins pour moi, car j'ai des centaines d'heure de retard ! 
Heureusement, comme le Petit-Poucet nous avons semé des cailloux entre Aix et Tokyo, et nous nous reposons sur la « tribu », vigilante et toujours prête à intervenir à la moindre turbulence… Quant à Miuccia, qui a des journées très difficiles quant au choix des canapés du salon, elle est entre les mains de Shahab. Donc aucune inquiétude à avoir, de ce côté-là :


Toutefois, nous en oublions de petit-déjeuner et même de déjeuner…
Vous rendez-vous compte que si on garde ce rythme nous allons revenir à Aix comme de véritables stockfischs, chers à César ?
Heureusement samedi soir, une sortie avait été organisée à Setagaya, chez nos plus vieux amis japonais, Take et Takako, qui, en 1981, nous ont fait découvrir et aimer leur Pays du Soleil Levant. À l'occasion de ce premier voyage, je ne peux m'empêcher de vous livrer une anecdote à propos de cette date historique, pour les Français, et en même temps concernant notre visite au sanctuaire d'Ise.
Ise, c'est le plus sacré des sanctuaires shintoïstes, qui est démonté et reconstruit, à l'identique, tous les 20 ans (ce processus s'étant déroulé pour la dernière fois en 2013). Naiku, sanctuaire intérieur de l'Ise-Jingû renferme le miroir sacré en bronze, qui aurait été présenté, pour la première et dernière fois, au premier empereur, par la déesse du Soleil Amaterasu-Ômikami. Aussi lorsque le nouvel empereur succède à son prédécesseur, la légende dit qu'il vient à Ise passer sa première nuit avec la déesse du Soleil. Et alors que nous nous promenions dans l'enceinte des sanctuaires, nous tombons sur une délégation néo-zélandaise. Et c'est dans ce lieu que le premier Ministre de Nouvelle-Zélande nous apprend que les sondages sont très favorables à François Mitterrand, qui a toutes les chances de devenir président de la République. (Note de la Rédaction : vous voyez bien qu'il y a un lien entre le voyage en Nouvelle-Zélande de l'année dernière et celui de cette année au Japon !)
C'est en 1964, que cette amitié a débuté avec Take et Takako. Take qui, travaillant à l'agence d'architecture Sakakura, avait alors en charge le chantier de la résidence de l'ambassadeur du Japon à Paris, rue du Faubourg Saint-Honoré. Pendant que Takako prenait des cours de français avec ma mère. D'ailleurs, quand Takako nous écrit, j'ai un petit pincement au cœur, car je reconnais l'écriture de ma maman…
Cela fait 36 ans que nous ne manquons pas d'aller leur rendre visite et, en retour, nous avons eu la grande chance de les accueillir par deux fois, la dernière avec une superbe exposition à la clef des délicieuses aquarelles de Take… Et c'est eux qui nous ont initié aux mœurs, coutumes, savoir-vivre, essentiels dans ce pays des signes… Et pour s'y rendre, seuls, en bus, pas évident…


… surtout qu'au dernier moment, alors que je guette le 77, Monique voit le 86 qui va vers Shibuya, ce qui fait que je n'ai plus aucun repère ni de GPS !
Et l'aventure commence… Je me surprends à ne pas râler (entends-tu Christine ?) et je laisse les évènements prendre le dessus sur mon ego (entends-tu Julie ?)…
De toute façon, ça nous change du métro, avec lequel nous nous sommes principalement déplacés à chaque séjour.
Ce qui va vous permettre de voir, quand les feux passent au vert pour les piétons, qu'il y a beaucoup, beaucoup de monde au carrefour Hachikô devant la gare de Shibuya !




Et puis, avec le temps et l'expérience, surtout si nous sommes libres d'aller et venir où bon nous semble, dans le strict respect des codes, des cultures et des autres, surtout si l'on s'intéresse sincèrement à eux… tout est possible !
Et ce que nous avions déjà vécu en 2012, un an après le 11 mars 2011, où les côtes du Tohoku ont pris le tsunami de plein fouet (155 854 morts, 3 155 disparus et 400 000 personnes évacuées), toutes les personnes rencontrées de partout sont d'une extrême gentillesse, prévenantes, n'hésitant pas à détourner leur chemin pour vous accompagner… C'est ça le Japon et les Japonais, qui n'oublient jamais leurs amis… Belle leçon d'humilité pour les Occidentaux arrogants que nous sommes pour la plupart !
Ainsi au moment où nous arrivons sur la place Hachikô, du nom de ce chien qui, dans les années 20-30 attendit son maître, pendant plus de 10 ans…

 

… deux jeunes filles nous conduisent au terminal Nishi-guchi pour prendre le 21, direction Kamimachi où nous descendons. Nous avions oublié qu'à l'automne, il fait nuit noire à 6 heures du soir. Et trois ans après, plus aucun repère. Pas de WiFi. Plus de possibilité de communiquer avec nos téléphones mobiles. Tels des aventuriers dans un pays inconnu, mais… accueillant.
Dans ce quartier, l'éclairage public est faible. Toutefois au détour d'une ruelle, un Japonais, protégé de la pluie par son parapluie, comprend que nous sommes perdus et il fait l'effort de comprendre où nous voulons aller, grâce à l'adresse de nos amis. De là, il nous emmène chez un marchand de motos, d'où l'on peut joindre nos amis…


… Ouf ! et au moment où nous quittons le magasin, essoufflée, nous voyons arriver notre amie Michiru, qui est invitée avec son mari à passer la soirée chez les Takemura…

(il est près de 4 heures du matinal suite du dîner, tout à l'heure…)




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