lundi 21 novembre 2016

AU PAYS DES ABORIGÈNES (Deuxième partie)

Le Parc National de Kakadu, de la taille de la Suisse, est bien plus qu'un simple parc national, c'est un univers naturel et culturel exceptionnellement riche ! Et c'est surtout une "Terre Sacrée". Quelques chiffres : 25 espèces de grenouilles, 55 sortes de poissons d'eau douce, 60 races de mammifères, 120 reptiles différents, 280 espèces d'oiseaux et au moins 10 000 variétés d'insectes, et… des crocodiles ("Croc" as Aussies say) d'eau douce et de mer… Je vous laisse le soin de voir, par vous-mêmes, la différence entre alligators et crocodiles !
Ce territoire est inondable, ce qui est indispensable pour assurer la survie des espèces.

        

         

Ainsi des trous d'eau de taille variable, véritables oasis durant la Saison Sèche, jalonnent cette zone. Ce sont les très nombreux Billabongs, ces bras morts de cours d'eau, qui ne s'assèchent jamais.

        

        

        

Avec des peintures rupestres peintes d'il y a 25 000 ans, représentant des scènes de vie quotidienne et d'animaux, la forêt est très dense.
        

        

Et attention où on met les pieds…!  Règle de sécurité n°1 de nos enfants : prudence et "Attention aux animaux féroces d'Australie" !
Dans le Parc, il y a beaucoup de grenouilles ? C'est qu'aussi Mère Nature veille à l'équilibre… Il y a donc beaucoup de mouches et de moustiques bien sûr ! Et comme nous sommes en quelque sorte des "bleus"… nous ne sommes pas bien équipés comme les pro… c'est-à-dire comme nos voisins Australiens ! Soit ils ont des chapeaux de cowboy soit des chapeaux de brousse, avec des fils qui pendent tout le tour, avec une perle de 1cm de couleur au bout. Ce qui permet de chasser les mouches quand ils bougent la tête. Sinon, on peut se protéger entièrement, en camouflant la tête, avec des sortes de mantilles sur le visage qui font office de moustiquaire portable… Et alors là, nous sommes beaucoup plus tranquilles, parce qu'elles sont tenaces ces bestioles ! Et ce n'est que presqu'à la fin de notre séjour que nous en avons trouvé, dans un magasin de souvenirs.


S'il fallait décrire Kakadu, outre le fait que c'est magnifique, c'est comme si nous étions sur une autre planète… toute verte et rouge ! Nous avons rendez-vous avec un guide du pays, qui nous fait découvrir en barque à moteur le milieu aquatique et bien sûr les Crocs à Alligator Billabong…
Après cette longue journée dans le Parc, une pause midi pour voir à la télé l'évènement majeur d'Australie. Tout s'arrête. Jour férié. Élégantes avec d'incroyables chapeaux, messieurs en queue-de-pie et haut-de-forme. C'est la Melbourne Cup, la plus grande course hippique du monde qui arrête la vie économique du pays ! Quel décalage culturel…! En fin de journée, une halte bien méritée dans un lodge au milieu du Parc ! Le soir,  comme il faisait tellement chaud, plongeon dans la piscine qui était une véritable infusion ! Même moi (Monique) qui ne me baigne jamais dans la piscine d'Eguilles, car trop froide avec ses 28°C, j'ai apprécié que c'était une bien agréable infusion… !
Le lendemain après les découvertes de fabuleux dessins rupestres, retour sur la rivière, avec un autre guide,

    

où de nombreux crocodiles ont rendez-vous avec nous…

    

L'œil averti du guide peut nous les signaler alors qu'ils se rafraîchissent au fil de l'eau, laissant dépasser comme un périscope leurs naseaux. À un moment donné, s'approchant d'une berge ombragée, où un crocodile de plus de 2 mètres de long a trouvé le frais, alors qu'on se trouve très près de lui, il plonge brusquement dans la rivière, à moins d'un mètre de notre barque, en nous éclaboussant mon amie Trish et moi même (Monique) ! Nous nous  retrouvons avec nos T-shirts maculés… Dhinawan Peter, notre guide aborigène, ne s'attendait pas non plus à ça, ni même Dominique qui n'a pas eu le temps d'ouvrir son iPhone pour enregistrer la séquence du siècle ! On comprend mieux pourquoi il veillait bien à ce que les "touristes" ne se penchent pas au-dessus du bastingage… pour prendre, au plus près des photos ! Pour nous remettre de nos émotions, Dhinawan Peter nous initie, un tout petit peu, à la vie des Aborigènes dans le bush. Puis il nous fait une démonstration de lancer de flèches dans la rivière. Les flèches taillées dans des  bambous avaient une telle force, qu'elles ont traversé la très large rivière avec une facilité déconcertante…


L'intarissable Deb nous fait découvrir d'autres merveilles de l'art rupestre, dans la région d'Ubirr, puis après 250 mètres de crapaüt, nous atteignons le sommet pour être scotchés par le Panorama du Narbab Lookout, point de vue superbe de la plaine inondable en contrebas.

        

        

    

Malheureusement, après trois jours de rêve, notre guide préférée nous abandonne.
Mais auparavant, et avec grande élégance, car elle ne donnera jamais son opinion, Deb nous fait découvrir Ranger la mine d'uranium à ciel ouvert, en exploitation depuis 1978, près de la ville minière de Jabiru, en limite du Parc, concession qui ne sera pas renouvelée en 2020… La société étant engagée à la fin de son mandat à une remise des lieux en l'état… (vœu pieu ?). Ce que l'on sait guère c'est la lutte des Aborigènes contre les mines d'uranium et notamment contre Areva…Si en 1978, les Aborigènes récupèrent les terres ancestrales dont ils avaient été spoliés, c'est aussi (donnant-donnant ?) contre l'autorisation par le père d'Yvonne Margarula d'exploiter la mine de Ranger. À la mort de son père, Yvonne crée la société Gundjeihmi, qui utilise les royalties de Ranger pour lutter contre l'exploitation des mines d'uranium et faire connaître l'histoire des Mirrar, clan d'Yvonne.

    

Yvonne est aidée dans sa lutte par Jeffrey Lee, dernier de son clan Djok, qui a toujours refusé la concession octroyée à Areva ! Jeffrey sur le panneau d'accueil du territoire Anbangbang a d'ailleurs bien écrit : "Quand tu pénètres dans ce territoire, respecte les gens qui l'habitent, parce que c'est leur terre, et tu dois aussi la respecter !"
Le lendemain matin, nous partons pour Litchfield, avec autre guide (ancien rugbyman, plus rustre que Deb, et très sympa) autre Parc, où nous découvrons le bush australien. Après avoir franchi une vingtaine de km dans le Parc de Batchelor, nous découvrons des alignements… Les Aborigènes auraient-ils eux aussi été en relation avec Stonehenge, Carnac et l'Île de Pâques ? Pas du tout. Ce sont de gigantesques termitières magnétiques, alignées Nord-Sud, pour assurer une meilleure ventilation de celles-ci, car exposées au soleil et aux intempéries…

        

Mais Lichfield c'est aussi de magnifiques chutes d'eau impressionnantes de Wangi Falls et de Florence Falls 


venant des plateaux, près de Buley Rockhole, où l'eau tombe dans des trous rocheux, assez grands pour qu'on puisse s'y baigner, en sécurité ? Des panneaux semblent l'indiquer, en Saison Sèche, en tout cas, car les Crocs d'eau salée les fréquentent beaucoup moins que les Crocs d'eau douce, lors de la Saison Humide
Il y a de petites piscines, en espalier et naturelles… Avec la chaleur… pourquoi ne pas se baigner, si on nous assure que les crocodiles ne seront pas attirés ? Pas de maillots, pas de souci ! Trop beau, trop frais… le temps d'y penser ? Et hop dans l'eau fraîche ! trop bien.

        

        

Jusqu'à ce qu'une équipe de jeunes adeptes de drones arrivent ! La situation se complique… mais pas de bruit… attention aux Crocs !
Retour à Darwin sous un déluge incroyable, un rideau d'eau très froide qui vous tombe brusquement dessus… Climat tropical, ne pas oublier !



(à suivre)

jeudi 17 novembre 2016

AU PAYS DES ABORIGÈNES (Première partie)

Eh oui, nous arrivons à Darwin, ville très fleurie, située à l'extrême Nord de l'Australie, "plus proche de Bali que de Sydney"
        
Luxuriance de la végétation à Darwin
Darwin, ville cossue, cosmopolite, jeune et multicurelle, qui doit sa vitalité à l'industrie minière et au tourisme et qui sera, pendant une petite semaine notre camp de base, pour découvrir, au Sud-Est, la civilisation aborigène dans le Parc National de Kakadu ! Kakadu, région mythique, où se trouvent les Aborigènes, qui n'ont pas été récupérés par la "civilisation" !
Auparavant, nous prenons soin de jeter un coup d'oeil sur l'ensemble de cette ville tropicale avec un vieux bus  à impériale anglais, parfait pour les touristes que nous sommes ! 
        

         
             
                                                                    Terrain de jeu de boules !
Super on trouve enfin une zone WiFi dans un mall commercial où on retrouve des Américains croisiéristes sans nouvelles des prochaines élections ! Et les places (ici les chaises) sont chères !
                                                           
                                       Vraiment inquiets ?                                  Non pas tous !
Ville tropicale mais où les jeunes de toutes nationalités passent du bon temps ! C'est déjà un bon point pour de nombreux étrangers mais surtout des Français, qui font leur "Working Holidays" dans la restauration et les musées pour "ramasser" pas mal de sous et voyager ensuite librement, dixit ! Où, si durant cette première année ils ont fait 3 mois de travail dans une ferme australienne… Bonus ! un visa de travail pour une seconde année ! 
Et ô surprise, après la visite du musée d'art aborigène,
    
                                           Eunice Napanangka JACK         Natalie PUANTULURA
nous rencontrons à la cafeteria Marion, Champenoise, qui fait le service sous la direction d'un Polonais. Avec son copain, Elyesse, ils font le tour de l'Australie, en minibus à la recherche des techniques de cultures ancestrales, avant de reprendre la propriété viticole famille en Champagne… Et pendant que Marion fait office de serveuse, son copain a été engagé sur un bateau de pêche.
    
Nous visitons le port, avec son musée du "Royal Flying Doctor Service", compagnie de médecins volants au service des populations retirées en plein désert…
Juste un mot sur le port de Darwin, qui a servi de décor naturel au film controversé "Australia", tourné par Baz Luhrmann, avec Nicole Kidman, film qui a pourtant trouvé un ardent défenseur en Marcia Langton, professeur d'études indigènes, à l'Université de Melbourne, qui n'a pas tari d'éloges sur ce "fabuleux film hyperbolique" dans le quotidien local The Age, film qui, pour elle, "a donné aux Australiens un nouveau passé, un mythe, celui de l'origine nationale, à la fois dérangeant, exaltant, poignant, cocasse et touchant."
Nous rentrons du port, par une longue marche qui n'en finit plus jusqu'à notre hôtel of course ! 
    
Port et Marina de Darwin
Il est 18 heures et il fait encore 35°C avec une forte humidité, bien que nous soyons à la saison sèche. Parce qu'ici il n'y a que deux saisons : sèche ou humide ! Et nous voilà déjà épuisés avant de commencer ! Nous croisons de nombreux Aborigènes dans la rue… Certains de ceux qui vivent à Darwin, principalement des hommes et aussi des femmes très imbibés d'alcool. Très noir de peau, avec des traits nous faisant penser aux dessins représentant nos ancêtres venus du fond des âges… Assis par terre, ils espèrent une obole des passants ! En petit groupes, très calmes, silencieux et dignes… Monique et moi, nous sommes mal à l'aise. Cela nous renvoie à notre histoire de l'humanité, à notre incorrigible besoin, nous Occidentaux à être porteurs de la "Civilisation du progrès" et à forcer les autres à adopter notre propre culture civilisatrice ! Que de crimes ont donc été perpétrés en ton nom "Progrès"… !
Après un super dîner espagnol dans un resto branché - hors Lonely Planet - dodo et hop ! Valises prêtes pour le départ de la grande aventure qui va commencer  à 6h le lendemain matin…
Direction : Kakadu ! C'est un parc national immense et magnifique. Un univers naturel et culturel à la fois. Le "chauffeur" ou la "chauffeuse" - comme vous voulez - est aussi notre guide. Deb conduit  cet énorme bus, ou nous n'étions qu'une quinzaine de personnes, toute nationalités confondues.

    
Tout en nous faisant découvrir cette région, qui la passionne elle nous en transmet  les secrets et  les merveilles. Pendant trois jours ce sera tout à la fois une conférencière de haut vol, qui nous cornaquera, en respectant un emploi du temps rigoureux, adopté par tout le groupe. Sa compétence est éclectique : de la conduite, à l'histoire en passant par les traditions, sans oublier les curiosités de la route et du Parc… Personne ne dort, on boit ses paroles, même si son accent australien est quelquefois difficile à comprendre ! Nous sommes, alors, très loin de la langue Shakespeare ! 
(à suivre…)