mardi 21 novembre 2017

8) NAGASAKI, L'OUBLIÉE… ET OKINAWA LA MEURTRIE… OU UN PEU D'HISTOIRE…

Il y a trente-six ans, nous étions à Nagasaki… en coup de vent, venant de Shimabara, après être passés par Beppu et le mot Aso… sur les traces de Mme Butterfly, jeune Maiko, séduite par un militaire américain et qui se donna la mort, car trahi par celui-ci…
Trente-six ans plus tôt, le 9 août 1945, 3 jours après la bombe qui a explosé au-dessus d'Hiroshima, un bombardier B-29 largua une bombe au plutonium sur Nagasaki, 500 mètres au-dessus de la cathédrale de Nagasaki. Il était 11h02…


Le feu et la pluie, issue du nuage atomique, firent 72 000 morts et des ravages hors de l'imaginable, achevant la lente et effroyable mise à mort de milliers de victimes. C'est la communauté catholique qui a été le plus touchée. Puis les femmes, les enfants et les vieillards. Les hommes valides étant sur tous les fronts. Et l'épais brouillard, au-dessus de la ville, a évité que la bombe ne tombe sur l'usine d'armement Mitsubishi, ce qui aurait accru considérablement le nombre de victimes civiles.
D'aucuns vous diront qu'un débarquement aurait infligé des pertes sévères aux troupes de la coalition américaine. Et qu'il n'y avait donc pas d'autre option pour mettre fin à cette guerre. Pourtant, le Japon était exsangue. Près d'une soixantaine de villes japonaises avaient été rasées…
Avec le recul, essayons de fournir des éléments d'explication au largage de cette deuxième bombe atomique sur le Japon.
Si, à Yalta, en février 1945, la chute du IIIème Reich est programmée par Staline, Churchill et Roosevelt, avec le partage du monde bien établi, la course contre la montre entre le "Monde libre" et l'URSS de Staline est engagée.
Et une fois la ville de Dresde, rayée de la carte, en février 1945, par des bombes incendiaires, il apparaît que le mois d'avril 1945 est le mois annonciateur de tous les dangers pour les populations civiles des pays en guerre.
L'allemagne nazie est prise en tenaille par l'Armée rouge et par les Forces alliées de l'Ouest.
Le Japon, l'est également, par l'Armée rouge et par l'Armée américaine et ses Alliés, sur le front du Pacifique.
Si la Bataille de Berlin fait rage, entre le 10 avril et le 1er mai 1945, où le drapeau rouge est hissé sur le Reichstag


… sur l'autre théâtre d'opération, la Bataille d'Okinawa va se dérouler, entre le 1er avril et le 20 juin 1945, avec un autre symbole très fort : le drapeau américain flotte, en février 1945, sur l'île d'Iwo Jima


Bilan du terrible affrontement sur l'île d'Okinawa : 10 000 morts du côté américain et de leurs alliés ; 110 000 du côté japonais. Et entre 150 000 et 200 000 civils…
90% des bâtiments de l'île détruits, ainsi que d'innombrables documents historiques, des objets et des trésors culturels…
Enfin le paysage tropical transformé en un vaste champ de boue, de plomb et de pourriture… !
Pendant ce temps, Staline ne fait pas traîner les choses. Dès avril 1945, l'Armée rouge fait route vers la Mandchourie, qu'elle contrôlera le 1er septembre, après avoir envahi le Nord de la Corée, la presqu'île de Sakhaline et les îles Kouriles.
Entre temps, la veille du bombardement de Nagasaki, Staline avait déclaré la guerre au Japon.
Aussi, avec le recul que nous pouvons avoir sur l'histoire immédiate, les forces en présence et les enjeux Est-Ouest pour contrôler le monde, à la chute du IIIème Reich et de celle du Japon - lequel restera un Empire, pour éviter de tomber sous l'influence soviétique - n'était-il pas stratégiquement tentant de rappeler à Staline jusqu'où il ne devait pas aller trop loin, quitte à sacrifier près de 500 000 vies humaines ?
Et soixante-douze ans après la capitulation du Japon du 2 septembre 1945, le monde est toujours aussi fragile. Avec les nombreuses bases américaines, sur son île, Okinawa, est d'autant plus la cible privilégiée de la Corée du Nord, que Donald Tweet continue à jouer avec le feu nucléaire avec son homologue Nord-Coréen
Quelles que soient les explications des stratèges et des défenseurs des frappes nucléaires, les présidents Trump et Kim Jong-un, devraient visiter les Mémoriaux d'Hiroshima et de Nagasaki et  mesurer combien peuvent être catastrophiques pour l'humanité leurs déclarations intempestives et irresponsables…
Désolé, mes chers amis de cette digression, mais je ne pouvais pas passer sous silence mon ressenti, à la lumière de notre actualité et de mes visites des Mémoriaux d'Hiroshima et de Nagasaki
Arrivant de Kumamoto avec notre amie Sumi, nous retrouvons sa sœur à la gare d'Iwakawamachi, où nous achetons un bouquet de fleurs, que nous irons déposer à Iganomachi, au Mémorial national de la Paix pour les victimes de la bombe atomique de Nagasaki.


À l'entrée du Mémorial, nous attend son président, le chirurgien Yokose Teruyuki, camarade de promotion de notre amie Sumi. Et c'est en sa compagnie, que nous rejoignons la majestueuse salle de la crypte du souvenir, éclairée par un puits de lumière, où, dans une immense colonne carrée, en verre, à l'abri de la lumière, sont déposés les noms calligraphiés des 150 000 victimes de la bombe atomique de Nagasaki.


Nous imaginons combien il doit être impressionnant de se rendre au cœur de la chambre funéraire d'une pyramide ! ou bien de rejoindre les enfers, comme le veut la mythologie grecque, puisque nous enfonçant dans la terre, par un long et étroit couloir, avec de l'eau ruisselant de partout sur les parois, descendrions-nous aux enfers, rejoindre le Styx, qui sépare le monde des vivants et des morts ?
Une fois déposée notre gerbe, en mémoire de toutes les victimes de la bombe, nous sommes invités à laisser un message d'amour et d'espoir pour les générations futures, sans oublier les atrocités, d'hier et d'aujourd'hui.
Certes, me direz-vous, mais quid d'Okinawa, de ses plages paradisiaques, du paradis des surfeurs et de la plongée sous-marine et de ses centenaires, grâce au "Régime d'Okinawa" ? Eh bien je suis bien embêté, car nous n'avons pas pu accéder à ce "paradis", étant resté cantonné à Naha, centre administratif et politique de la Préfecture d'Okinawa, ville très laide de 2 millions d'habitants… Et impossible de rejoindre les plages mythiques des îles plus au Sud, tous les avions sont pleins et même les ferries ne prennent pas la mer,  suite à une violente tempête.
Nous en profitons pour aller visiter le musée privé de notre nouvel ami Michio Sakima, construit contre la Base aérienne de Futenma.






Sous tutelle américaine jusqu'en 1971, date de la restitution au Japon, moyennant une "compensation financière" (sic) de 320 millions de dollars, la population d'Okinawa se sent toujours sous l'occupation américaine. Il n'est que de voir le nombre de bases militaires, qui font d'Okinawa une cible privilégiée…

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Pour seul témoignage des faits de guerre subis par les populations un immense mur couvert de visages…


dont j'ai extrait les visages les plus poignants…





Enfin par dérision, un splendide kimono, aux motifs insolites est accroché à l'entrée du musée…


… des bombardiers et des Marines sautant en parachute remplacent les traditionnels motifs de fleurs japonais…

(à suivre…)












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