jeudi 26 octobre 2017

7) RETOUR À YURIAGÉ

Le typhon n'a pas traversé le Tohoku, et Akita a été protégé par les montagnes, si bien que lundi matin, nous avons pu aller en Shinkansen jusqu'à Sendai.
Et là, nous avons pu voir les effets secondaires du typhon. Lorsque nous avons voulu prendre notre correspondance pour Natori, il n'y avait pas de train ! Tous les transports , exceptés les Shinkansen, ont été supprimés pour éviter les dangers du typhon ... 
Cela nous a rappelé notre premier séjour, dans cette région, deux ans après le tsunami du 11 mars 2011, lorsque nous sommes partis à l'aventure, pour nous rendre compte de l'étendue des dégâts. Nous avions pris le train  de la Tohoku Line, et une demi-heure après, nous nous étions retrouvés à la gare de Natori, vide, sans personne… et partis à pied, vers Yuriagé… quand un taxi nous avait pris et fait faire le tour du site…

YURIAGÉ EN 2001
YURIAGÉ EN 2011

On voit sur la photo du bas que toute la ville basse a été rasée, de même qu'il ne reste plus rien du magnifique parc arboré, avec ses cerisiers de la période Edo, qui en faisait un lieu de promenade si célèbre et tant prisé des habitants de Sendai et de ses environs.
L'association culturelle franco-japonaise d'Aix-en-Provence est impliquée depuis l'origine dans l'effort de solidarité envers la ville de Yuriagé, puisque l'association AFJ-Aix Solidarité Japon 2011, à caractère humanitaire a été créée. 
Après de longues discussions avec les autorités et les responsables locaux, il a été décidé que cette association participerait à l'équipement d'une crèche qui allait être reconstruite à Yuriagé.
À la demande des responsables de la crèche, un four à pain a été envoyé. Nous avons été très surpris de cette commande mais... ce geste a eu pour conséquence de faire prendre conscience aux habitants, aux élus et aux responsables de Yuriagé qu'ils n'étaient pas coupés du monde. Et qu'une chaîne de solidarité avait été mise en  place.
La réunion organisée lundi 23 octobre,  avec M. Sakurai et Mme Wakayama avait pour objet de faire le point, depuis notre dernière visite en 2013. Les années sont passées ... les visites de Valérie et Chiaki nous ont permis de constater l'avancement des travaux et le bon fonctionnement de la crèche.
La crèche, Mitazano Wakaba Kindergarten, qui avait été rasée par le tsunami, est terminée. Sa reconstruction devait se faire en deux temps. En premier lieu, construire une crèche provisoire, montable et démontable, à Natori, mieux protégée du tsunami, puis la reconstruire à Yuriagé quand les infrastructures seraient terminées.




Si la crèche fonctionne parfaitement bien, en revanche elle actuellement saturée, car son taux de fréquentation est maximal. Comme elle est devenue trop petite, les propriétaires de la crèche ont décidé d'en construire une plus grande, à Yuriagé… Madame Sasaki, épouse de l'ancien maire de Natori, président de la crèche maintenant, nous a accueilli avec toute la gentillesse que nous lui connaissons. Elle nous a fait visiter toute la crèche et nous a remercié d'avoir envoyé le four... car ce geste était très important pour eux tous ! cela a été le déclic pour leur futur !
Yuko Wakayama, bénevole, est très active avec Michiyo Sasoh sur ce territoire ... elles s'occupent de familles en difficulté, suite au tsunami. Nous lui avons demandé de faire le point pour pouvoir aider ces familles. Elle va en discuter avec son CA. Il est évident qu'une aide à ces familles serait  la bienvenue !

ENTRÉE DE LA CRÈCHE

LA STRUCTURE PORTEUSE DE LA TOITURE


LE CORRIDOR

Puis nous avons eu avec Mr. Sakurai une réunion de prospective sur le devenir de cette zone, dans la grande halle que les Canadiens ont offert à Yuriagé. Lieu de souvenir  avec matériel multimédia, salle de restaurants et boutiques…

LA HALLE
Tous les fanions accrochés au plafond ont été envoyés par les clubs service du monde entier… et principalement rotariens, semble-t-il !

FANIONS DES CLUB-SERVICES

Koichi Sakurai, PDG du marché de poissons, est un visionnaire.
Tout de suite, en 2013, il a voulu remettre en marche son activité de poissonnier au service de la population afin de redonner une pleine activité à la zone dévastée, laissant aux responsables politiques et associatifs le soin de panser les  blessures et les meurtrissures des survivants, qui ont eu du mal à surmonter cette terrible épreuve… Maintenant, il a prouvé qu'avec une énergie, prête à déplacer les montagnes, on pouvait réaliser les projets les plus fous. Et il est devenu l'homme de confiance, l'homme fort, l'homme qui n'a peur de rien, ni de personne… L'homme qui aime sa ville, Yuriagé ! Tous le respectent et le soutiennent dans ses projets ! Il fait l'unanimité !




Autant, lors de notre dernier séjour, nous étions dans l'expectative de savoir si les habitants de la région pourraient récupérer leur territoire et s'établir à nouveau sur la côte de l'Océan Pacifique, il est clair que les autorités ont fait un effort considérable pour faire un "Barrage contre le Pacifique".
Des digues énormes, de plus de 7 mètres de haut, ont été dressées le long du littoral et le port pourra à nouveau accueillir des bateaux.


Cette vue panoramique devant la halle (à droite sur le cliché) et le marché aux poissons, montre le parapet de la seconde digue au-dessus du port, alors qu'au loin sur la gauche, on aperçoit des grues sur le chantier sur la digue gigantesque contre le Pacifique.
Ci-dessous, le détail…
PARAPET EN BÉTON ARMÉ

Ces ouvrages d'art se sont montrés très efficaces, suite au passage du typhon Lan, comme on peut le voir sur les clichés, les eaux étaient tranquilles, alors que d'énormes vagues déferlaient et se brisaient sur les digues.
Nous avons demandé à Koichi Sakurai ce qu'il attend de nous et en quoi on peut l'aider.
Quel est le projet qui lui tient à cœur ? quand il voit la jeune generation de Yuriagé déprimée et sans but dans l'avenir… Il faut intervenir, il faut les aider.
Les habitants de Yuriagé seraient sensibles à un symbole de la culture française. Et pour lui, sans aucun doute, un restaurant français, avec un cuisinier français, serait un message très fort. Formation de jeunes en cuisine française  qui donneront l'espoir du renouveau.
Il possède personnellement, un terrain, le long de la rivière, que l'on voit sur la partie gauche du cliché ci-dessous…




C'est le lopin de terre, que l'on voit devant Monique, Yuko et Koichi



… avec la vue depuis le terrain sur la rivière…


… alors qu'en contrebas, on voit les parcelles des terrains où des constructions vont être réalisées. 
Koichi nous a assuré que d'ici deux ans au plus tard, le bâtiment pouvant accueillir un restaurant,  serait terminé.
Comme l'aéroport de Sendai est près de Yuriagé, il envisage que des navettes par beau temps soient assurées pour les passagers en transit ! Il faut donner l'espoir à ces jeunes ... 
Nous devons le revoir à Tokyo avant notre départ et il nous a dit qu'il espère venir  à Aix-en-Provence, début 2018.
Cette réunion nous a requinqué et nous sommes repartis avec des projets, des idées de partage et d'aide plein la tête !
(À suivre…)







mardi 24 octobre 2017

6) TOUS À L'UNIVERSITÉ !

Aujourd’hui, nous abandonnons l’aspect culturel de notre voyage pour vous emmener à la Fac’ ou plutôt à l’Université.
L’Université internationale d’Akita, et son campus, valent le déplacement. C’est là qu’enseignent Shunsuke, docteur en linguistique diplômé de l’Université d’Aix-Marseille et son épouse, Svetlana, originaire d’Omsk, qui parle couramment japonais et professeur de russe également à cette Université !
Mais, pour nous touristes, une particularité de cette université internationale est liée à la  “fête des mâts et des lanternes” et son festival (Akita Kantô Matsuri) qui a lieu du 3 au 6 août. En effet, les étudiants de l’Université d’Akita participent à ce festival dont ils sont, tous les ans, finalistes, parmi les quelque 200 participants.



En quoi consiste donc ce Kantô ?
Les athlètes se servent de leurs front, hanches, épaules et paumes pour faire tenir en équilibre des centaines de lanternes illuminées, suspendues à de gigantesques mâts en bambou, pesant une soixantaine de kilos.
Et ils défilent, la nuit venue, dans Akita.



Comme je vous le disais, nous avons découvert une très belle université, à échelle humaine avec les départements de japonais et de langues (dont le français) ; de business school ; de sciences politiques et relations internationales ; de sociologie, médias et communication.
L'enseignement s'y fait en japonais et en anglais.
Établissement situé dans un magnifique parc, d'une architecture sobre et dans une région encore peu connue des touristes. Des frais de scolarité abordables et un campus où presque tous les étudiants et étudiantes sont logés.


L'originalité de l'Université d'Akita est d'avoir un partenariat avec 180 universités réparties dans 47  pays, dont 9 françaises.
En outre, son fleuron c'est sa magnifique bibliothèque…


Et comme toute journée se termine avec un repas entre amis, dimanche soir, nous étions dans une vieille auberge traditionnelle du Tohoku, dans l'atmosphère villageoise des Namahagé du Nord-Est de Honshu







Le repas achevé, le Nahamagé nous souhaite une bonne nuit !


Et le lendemain, si le typhon Lan nous épargne, nous partons pour Yuriagé

(à suivre…)




dimanche 22 octobre 2017

5) OGA NO NAMAHAGE / LES NAMAHAGÉ D'OGA

Vendredi matin, 20 octobre, nous quittons l'hôtel et son sento, car Shunsuke nous a réservé une navette, et au passage une surprise, pour aller à Oga… Nous n'en savons pas plus… Le concierge vient nous chercher en courant à notre chambre. Vite, on court à sa poursuite (on se rappelle qu'on est au Japon et que tout est bien organisé, huilé… ici le "service" veut dire quelque chose. Et s'il existe des "clubs-service", le Japon en soi est un "Pays-Service" !)
Au pied de l'hôtel… tiens ! pas de navette. En revanche, un taxi. Porte arrière gauche ouverte, Monique devant et sur le siège arrière un couple de Japonais !
Le taxi démarre. Très beau paysage, avec franchissement de cours d'eau, des petits lopins de terre avec des rizières, en contrebas de la route. Au bout d'une demi-heure, nous voilà arrivés, mais on ne sait où. Interrogeant les 2 passagers, dont la femme parle parfaitement l'anglais, je cherche l'endroit  où la navette (la vraie celle-là) nous conduira à la gare pour retourner à Akita, le soir.
Après avoir déposé nos affaires, à l'accueil, nous entrons dans le Musée d'Oga Shinzan.


Et nous voici plongés au cœur des légendes ancestrales du "Grand Nord" montagneux, sauvage et souvent glacial en hiver. Cette région où vécurent les derniers Aïnous de Honshu avant d'être refoulés à Hokkaido, il y a plus de 1000 ans.
Ce rituel est joué par de jeunes en masques de démons et en vêtements de paille de riz, des oni, qui font le tour des maisons à la Saint-Sylvestre. Ces démons font irruption dans les foyers à la recherche des jeunes femmes et des enfants. 

Ils crient à tue-tête : "Y a-t-il des enfants qui pleurent ? des enfants qui désobéissent à leurs parents ? des belles-filles qui négligent leur travail ?"  


Les divinités sont alors reçues par le chef de famille, en tenue de cérémonie, qui leur offre du sake et des mochi (douceur à base de riz gluant). 

Comme le maître de maison assure aux Namahagé qu'il n'y a pas de les démons sont rassérénés, et ils prennent congé, en promettant que l'année nouvelle la famille sera bénie, avec une récolte abondante, Puis ils s'en vont visiter une autre maison…

Ce qui est aussi intéressant c'est de voir l'origine de ce mythe, ou la "Légende des Namahagé d'Oga" ou la "Légende des 999 marches en pierre de Nahamagé".
Le Légende veut qu'il y a un peu plus de 2000 ans, l'empereur Wu de la dynastie chinoise Han ait emmené, avec lui, cinq ogres démoniaques, au Japon. Ces oni ont semé la terreur en volant les récoltes et en enlevant les jeunes femmes des villages d'Oga (NDLR : Déjà du harcèlement et de la violence sexuelle !) Les villageois se concertèrent et promirent de livrer aux démons toutes les jeunes femmes, s'ils arrivaient à construire, en une nuit et avant le chant du coq, un escalier en pierre de 1000 marches, depuis la mer jusqu'au temple Goshado, situé au sommet de la montagne.


Sinon, ils devraient quitter Oga, pour ne plus jamais y revenir. Les démons acceptèrent. Ils étaient en train de  réaliser la 999ème marche, lorsqu'un villageois imitant le chant du coq, annonçant l'aube prochaine, mit en déroute les ogres qui s'enfuirent, pour ne plus jamais remettre les pieds à Oga.
L'événement de Namahagé, qui vient de la croyance ancestrale que le passage des divinités au Nouvel An va apporter la bonne fortune, est récurrent au Japon.
En partant, retour aux réalités du quotidien. 
En récupérant nos bagages, à l'accueil du musée, l'employé de service nous demande si nous n'avons rien oublié… Non, rien. Pourquoi. Et celui-ci insiste : "Vous n'avez rien perdu ? Vraiment ?" "Non, non !" Et Monique fait l'inventaire de son sac. "Non, je ne vois rien…" 
Et le préposé, souriant de toutes ses dents, sort de son tiroir la pochette Longchamp de Monique, avec passeports, pass de trains et tout le budget du voyage !
Rien ne manquait évidemment et nous sommes certains qu'il n'a même pas eu la curiosité de savoir ce qu'il y avait dedans…
Eh oui, c'est celà aussi le Japon !
C'est confortable de se trouver dans une atmosphère de confiance. 
Mais attention à l'atterrissage à Roissy, où ce sera aussi une autre réalité !
Nous prenons ensuite la navette pour nous rendre à l'aquarium Gao d'Oga.
Cet aquarium, situé le long de la côte de la péninsule d'Oga.


est un des plus beaux aquariums que j'ai jamais vu !


Et ce qui est rigolo, c'est de voir un petit requin prendre une raie pour transport en commun…


Enfin l'attraction de cet aquarium… ! L'ours blanc Gôta, facétieux au  possible et qui fait des cabrioles dans l'eau !

  


(à suivre…)






samedi 21 octobre 2017

4) EN ROUTE POUR LA PRÉFECTURE D'AKITA

Très chers amis,
Nous voici de retour, après avoir préparé, à Tokyo, l'exposition de Monique pour la fin novembre à Okinawa.
Comme je me suis aperçu qu'il y avait un légère perte d'engouement de votre part, sans hésiter et toujours avec la même envie de vous faire partager notre dépaysement, comme Corneille le fait dire à Polyeucte (Acte I, Scène Première), je répondrai sans hésitation :

"Vous me connaissez mal, la même ardeur me brûle,
Et le désir s'accroît quand l'effet se recule…"

Et j'ai donc laissé "du temps au temps".

Nous voici donc depuis jeudi soir dans la préfecture d'Akita, située au nord-ouest du Tohoku, chez nos amis Shunsuke et Svetlana, après 4h30 de voyage en train…


Le Tohoku a été sous les feux de l'actualité en 2011, à l'occasion du terrible tsunami ravageant sa côte orientale donnant sur l'Océan Pacifique…
En revanche, la côte occidentale du Tohoku, qui donne sur la mer du Japon, appelée yuki guni, ou le "pays des neiges", est encore à l'écart des circuits touristiques. C'est "Le Grand Nord", en raison de sa faible population et de son accès limité aux transports publics. 
Cette région, véritable "grenier à riz" du Japon, comprend de nombreux onsen (bains naturels d'eau chaude) et de très belles forêts.
Nos hôtes, tous les deux enseignants à l'Université Internationale d'Akita, nous ont réservé un hôtel à Nyuto Onsen, d'où nous pouvons voir le soleil se coucher sur la mer du Japon…

Prendre le bain, o furo… dedans et dehors à l'air frais ...

Dîner traditionnel…ici, à partir de 17h on devient complètement tatamisé, avec nos Yukata !
Et dodo… en arrivant dans votre chambre, les futons sont installés pour notre grand plaisir !

…nous allons nous empresser de tomber dans les bras de Morphée, pour nous suivre demain pour d'autres aventures !
Bonne nuit ! OYASUMINASAÏ !

(à suivre…)








mardi 17 octobre 2017

3) LE TEMPS DE S'ACCLIMATER (2)

Oui, mes amis, vous avez vu que nous n'étions ni seuls, ni en pays hostile ! Bien au contraire…
Ainsi Morphée m'a abstrait, pendant quelques heures de mon MacBook.
Car comme vous le voyez nous ne chômons pas…


Je vais essayer de vous transmettre ce que ma mémoire a enregistré à l'occasion de deux soirées gastronomiques.
La première chez Take et Takako, qui s'inquiétaient de notre… (eh oui !) retard !
Dîner entre amis et puis aussi dîner d'artistes… puisqu'outre notre "Monique internationale", il y avait Takeo et son épouse Michiru, tous deux grands illustrateurs et Take, aquarelliste hors pair…


L'art est une chose, mais ce qui est dans les assiettes aussi !

   
    Un nabe de poissons fantastique après quelques entrées remarquables et traditionnelles

Maintenant, à défaut d'avoir été avec nous, place au plaisir… des yeux…

    
    

Après cette superbe soirée d'échange, de souvenirs et pleine de projets…
Une nouvelle expo à Aix ? Oui ! avec les 4 artistes réunis… 
Puis, retour au bercail, en taxi, sans se perdre comme nous l'avons fait à l'aller…


Bonne nuit les petits !
おやすみなさい😴💤

(à suivre…)